Le temps resta couvert le matin au bord du cratère. Pas de lever de soleil d’anthologie, nous avions pourtant prévu l’orientation plein est. Après avoir bien traîné face à la lagune, et fini notre traditionnel petit déjeuner de porridge sous la tente (#tropfan), pluie oblige, nous décidâmes d’une pause, un peu plus au sud, dans l’attente de jours meilleurs pour la vie au grand air. Vraiment, ce jour-là, on n’avait pas envie ! Et puis c’est ça, aussi, la liberté d’un long voyage à vélo, pouvoir s’arrêter quand bon vous semble.

Après une courte (mais si froide !) descente au milieu des champs d’un jaune flamboyant qui là-bas poussent jusqu’à flanc de falaise, nous atteignions Zumbahua, où nous allions poser les sacoches jusqu’au lendemain.

De ce village de montagne, nous garderons en mémoire le défilé d’équatoriennes à la fière posture dans leur tenue traditionnelle, le chapeau recouvert d’un sac plastique rayé sous ce ciel menaçant ; l’animation incroyable dans l’unique rue commerçante à la mi-journée, et l’absence totale de vie dès la nuit tombée, au point de devoir squatter la cuisine de l’hôtel pour cuire notre reste de pâtes à dîner ; et surtout le contact étrange avec une population qui nous apparut tantôt indifférente, tantôt craintive, peu encline à échanger avec nous autrement que par quelques dollars… Nous ne serons pas restées assez longtemps pour dépasser nos impressions, c’est bien dommage. Il faut dire qu’après la Colombie et le nord de l’Equateur, nous avions pris l’habitude des accueils chaleureux. Nous allions devoir faire plus d’efforts, dans cet univers où nous nous sentions, plus qu’ailleurs, des étrangères.
Le lendemain, entre rayons de soleil et averses bruineuses, nous traversions ce qu’il nous restait à franchir de cette belle, vraiment très belle région, (on ne vous a pas dit ? C’était vraiment sublime !) pour rejoindre le fond de vallée par lequel passe la Panaméricaine. Les reliefs du cratère de Quilotoa nous apparaissaient au loin, dans la lumière. Nous n’aurons pas vu la lagune sous le soleil, mais son souvenir n’en sera pas moins gravé pour longtemps dans nos mémoires.

Se sentir libre, pédaler jusqu’en haut des cols la musique aux oreilles, s’arrêter pour grignoter, crier victoire, kiffer le paysage qui défile dans les longues descentes asphaltées, oublier de prendre des photos tellement on plane, saluer un passant, oublier le temps… C’était vraiment ça, jusqu’à la grosse pluie. En 2 minutes, nous étions trempées jusqu’au slip, frigorifiées, et serrions les dents jusqu’à trouver refuge à Pujili, pour nous essorer un bon coup. Ouf. Ceci clôturait notre escapade sur les hauteurs du Quilotoa, et heureusement, le jour suivant fut plus clément.
Notre mésaventure sur les chemins de traverse colombiens étant maintenant bien loin, tenter un nouveau détour pour éviter la Panam’ ne nous faisait pas peur. Cette fois, le choix s’avéra judicieux, et nous pûmes rejoindre la ville d’Ambato à travers la campagne agricole qui borde la Panam’. Ce fut une belle journée ensoleillée, pleine de rencontres, de sourires, de chiens féroces, et de mini-côtes à n’en plus finir, puisque, qu’on se le (re)dise, l’Equateur n’est jamais plat. Bientôt, nous découvrions Ambato, univers citadin qui contrastait franchement avec nos dernières aventures.

Quand on arrive en ville …