Après les volcans : un, deux, trois, nous irons à Cuenca

-du 31 juillet au 4 août 2019

Une fois redescendues des nuages, il nous restait quelques jours à suivre la Panam’, pour rejoindre Cuenca. Ce seraient quelques jours moins hauts, moins froids, moins durs, en théorie. On était convaincues de retrouver une grosse route trop fréquentée de camions et klaxons à tout va. Une « Panaméricaine », c’est forcément emprunté par une tonne de véhicules qui, forcément, font la route en entier de l’Alaska à l’Argentine… Hum. En réalité, l’Equateur, en dehors des grosses villes, c’est calme, très calme. On n’aura vraiment pas croisé grand monde en chemin. C’était la campagne, toujours aussi belle, avec ses poules et ses cochons, ses habitants discrets, et ça descendait !

Les villageoises qui montent aux champs pendant qu’Emilie se la coule douce …

Cajabamba, Chacabamba, Chunchi, Chocar, les pueblos défilaient comme depuis la fenêtre d’un train, se ressemblant tant de noms que de façades. On s’y perdait, et l’on se surprenait souvent à vérifier sur la carte que nous continuions à bien suivre la direction du sud. Il n’y avait pourtant qu’une route… C’est vers l’un de ces bleds que l’on croisa nos doubles qui remontaient la Panam’ à vélo, sens inverse et sacoches assorties aux nôtres. 1 heure en bord de route à parler français, de nos expériences de cyclos sur les routes d’Amérique, bla-bla-bla… Par la suite, les gens ci-et-là commencèrent à nous appeler gringas, les enfants à nous parler anglais, certains à nous demander un dollar ou deux… Ça donnait moins envie de s’arrêter pour taper la causette.

le train historique au départ d’Alausi

Et après le grand beau et une pause chouette comme tout à Alausi, ville ferroviaire touristique au joli marché de fruits et légumes, vint la pluie. Une pluie fine et venteuse, glaciale, qui ne céda pas avant le dernier col passé pour atteindre Cuenca. Sa compagnie fut bien rude, mais ne nous empêcha pas de planter la tente dans le pré d’une école à Chocar, au milieu des bouses de vache, ni de faire un détour par les ruines d’Ingapirca, vestige inca le plus haut du pays. Pour le bivouac de rêve au-dessus des ruines, il faudrait revenir… 

P’tit bivouac brumeux en terrain miné de vaches

Ah, ce dernier jour, cette dernière montée… Quatre heures de pluie et vent de face, si froides, les voitures nous éclaboussant à leur passage, les satanés chiens plus féroces que jamais… Le dénivelé n’était pas exceptionnel, pourtant il fallut puiser tout au fond de nous-mêmes le courage d’atteindre le refuge de la mi-journée : une station service pleine de courants d’air où nous avalâmes tout ce que nous trouvâmes pendant que nos vêtements séchaient tant bien que mal, éparpillés sur le comptoir. Hihi. Doigts gelés, gants trempés… Miracle, entre autres articles improbables, la tienda vendait de superbes gants de vaisselle, pour 1dollar50 la paire ! Mais c’était un peu tard, car le temps de redescendre sur 30 kilomètres, la pluie avait cessé. Depuis les gants servent à rincer la popote dans les cours d’eau de montagne.

A Cuenca devait se terminer notre aventure équatorienne à vélo. De là, nous prévoyions de rejoindre le Pérou en bus, petit coup de triche pour nous laisser une chance de rejoindre la Patagonie dans le temps qui nous était imparti. Après une telle journée, sur les derniers kilomètres nous traînions toute la fatigue de la traversée depuis la Colombie, et atteindre notre but sonnait comme une sacré victoire !

une rue de Cuenca

Cuenca, plus de 300 mille habitants, banlieue chic et élégant centre colonial. Des restos chics. Une brasserie belge. Pas un chien. Des gringos partout ! #autremonde. Il était doux de retrouver l’ambiance animée d’un centre colonial où il fait bon flâner, en nous délectant d’une nourriture plus variée qu’au fond de la campagne. Mais c’était surtout pour nous le moment de faire un bilan de notre traversée de l’Equateur.

Depuis Ipiales, nous avions avalé presque 1000 kilomètres, encore un bon paquet de dénivelé, peut-être deux ou trois routes plates, et une tonne de riz-poulet, l’ami du petit déjeuner… On n’avait toujours pas crevé, et on comptabilisait 3 turistas à nous deux. Honnête. On se souvenait avec amusement de nos déboires des débuts, depuis la frontière colombienne qui nous paraissait bien loin désormais.

En un mois passé vite comme l’éclair, nous avions découvert quelques unes des merveilles qu’offre cet incroyable bout de monde : un pays sublime, encore très emprunt de ses traditions pré-colombiennes, où la sierra madre règne en maître. On s’était donné du mal, mais avec un peu plus d’expérience, tout était moins dur qu’au début de l’aventure. On avait suffisamment pédalé pour savoir à quel point voyager à vélo nous convenait. C’était la liberté, la promesse de moments forts à chaque instant, une aventure au plus proche de la nature, et ça, ça valait tous les efforts de la terre !

Alors, après une petite pause prévue au bord de l’océan pacifique dans le nord du Pérou, nous avions déjà hâte de reprendre la route vers la cordillère blanche et ses sommets de rêve. Ça s’annonçait corsé, challenge accepted.

la campagne équatorienne, en redescendant des montagnes

So far, so good !

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